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— Discours d’Eliphaz. —
1 Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit :
2 Si nous risquons un mot, peut-être en seras-tu affligé ; mais qui pourrait retenir ses paroles ? 3 Voilà que tu en as instruit plusieurs, que tu as fortifié les mains débiles, 4 que tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, que tu as raffermi les genoux vacillants !... 5 Et maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblis ; maintenant qu’il t’atteint, tu perds courage !...
6 Ta crainte de Dieu n’était-elle pas ton espoir ? Ta confiance n’était-elle pas dans la pureté de ta vie ? 7 Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? En quel lieu du monde les justes ont-ils été exterminés ? 8 Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice, en moissonnent les fruits. 9 Au souffle de Dieu ils périssent, ils sont consumés par le vent de sa colère. 10 Le rugissement du lion et sa voix tonnante sont étouffés, et les dents du jeune lion sont brisées ; 11 le lion périt faute de proie, et les petits de la lionne se dispersent.
12 Une parole est arrivée furtivement jusqu’à moi, et mon oreille en a saisi le léger murmure. 13 Dans le vague des visions de la nuit, à l’heure où un sommeil profond pèse sur les mortels, 14 une frayeur et un tremblement me saisirent, et agitèrent tous mes os. 15 Un esprit passait devant moi... Les poils de ma chair se hérissèrent. 16 Il se dressa, — je ne reconnus pas son visage, — comme un spectre sous mes yeux. Un grand silence, puis j’entendis une voix :
17 L’homme sera-t-il juste vis-à-vis de Dieu ? Un mortel sera-t-il pur en face de son Créateur ? 18 Voici qu’il ne se fie pas à ses serviteurs, et qu’il découvre des fautes dans ses anges : 19 combien plus en ceux qui habitent des maisons de boue, qui ont leurs fondements dans la poussière, qui seront réduits en poudre, comme par la teigne ! 20 Du matin au soir ils sont exterminés, et sans que nul y prenne garde, ils périssent pour jamais. 21 La corde de leur tente est coupée, ils meurent avant d’avoir connu la sagesse.